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L'industrie du troisième millénaire

  in Le Monde interactif , édition du 5 avril 2002

 

  ...l'adjudant Andrieu décide de consulter la base de données en ligne Artprice, qui recense notamment les transactions d'œuvres d'art.
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Le gendarme, les voleurs et Internet

Près de trois ans après leur vol, quatre tableaux ont été retrouvés par un gendarme connecté.

Il suffit parfois d'un simple navigateur Internet pour mener une enquête judiciaire : la preuve avec cette affaire de tableaux volés, relancée un soir de mars 2000 par la grâce d'une séance de surf. Pourtant, la brigade de gendarmerie de la ville de Baigneux-les-Juifs, en Côte-d'Or, où l'histoire démarre, n'est pas connectée.

Mais son commandant, l'adjudant Didier Andrieu, si. Il a un abonnement chez lui depuis 1995. Avec sa connexion personnelle, il surfe pour son plaisir, mais aussi pour son travail. Il passe notamment beaucoup de temps à traquer les sites de pédophiles. Au cours d'une précédente affectation, dans la banlieue parisienne, il avait réussi à démasquer l'un de ces pédophiles.

Cependant, en mars 2000, il a une autre traque en tête : un an auparavant, des particuliers se sont fait dérober dans leur résidence secondaire de Billy-les-Chanceaux, bourgade voisine de Baigneux-les-Juifs, quatre tableaux d'une valeur totale de 3 000 €.

L'enquête classique n'avait rien donné et avait été clôturée. Toutefois, l'adjudant Andrieu décide de consulter la base de données en ligne Artprice, qui recense notamment les transactions d'œuvres d'art. Il tape le nom de l'auteur des peintures, Adrien Lucy, et s'aperçoit que les tableaux ont été vendus en salle des ventes en 1999.

Par le biais de ce même site, après l'ouverture d'un compte, il obtient les coordonnées du commissaire-priseur qui a établi la vente. Ce dernier est basé à Lyon. A partir de là, les choses s'enchaînent assez vite. "Nous avons demandé au parquet une autorisation pour rouvrir l'enquête, puisque Internet avait permis de trouver de nouveaux éléments", raconte l'adjudant Andrieu. "Il fallait mener des investigations. Nous sommes allés sur place, à Lyon, rencontrer le commissaire-priseur. Grâce à lui, nous avons pu retrouver la trace des différents brocanteurs qui avaient eu en main les tableaux, et nous sommes remontés jusqu'au premier, que nous avons localisé à Beaune. Celui-ci a été entendu deux fois dans le cadre de gardes à vue."

Quant aux peintures, elles ont été retrouvées chez les particuliers qui les avaient acquises en toute bonne foi lors des ventes aux enchères. Les propriétaires initiaux, eux, vont devoir s'armer de patience avant de pouvoir récupérer leur bien : la loi prévoit en effet qu'ils ont la possibilité de racheter les tableaux aux actuels possesseurs, dans un délai de trois ans après le vol.

Or, si la plainte a été déposée en août 1999, le vol, lui, a eu lieu à l'automne 1998. "J'aimerais que cette affaire fasse jurisprudence", explique l'adjudant Andrieu. En attendant, à la brigade de Baigneux-les-Juifs, les gendarmes n'ont toujours pas de connexion Internet. Sauf chez eux…

Laurence Bernaert

Un site pour les objets volés

Depuis trois ans, le site officiel de la gendarmerie héberge un espace dédié aux objets volés. Les brigades de gendarmerie peuvent l'utiliser pour faciliter leurs recherches dans le cadre par exemple de cambriolages. Bijoux, meubles, livres, bibelots, œuvres d'art, et même outils informatiques, tout objet ayant été dérobé peut être mis en ligne, accompagné d'une photo, d'un descriptif, d'un numéro de référence, ainsi que des coordonnées des brigades ou sections de recherche concernées.

http://www.gendarmerie.defense.gouv.fr/judiciaire/accueil_objets/index.html

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